Aptitudes requises

Texte par Roch Malnuit

Vous rêvez de faire du BASE jump et pourtant ce n’est peut être pas pour vous !
Le BASE. jump est un sport à haut risque qui demande un engagement personnel important. On ne vient pas à la pratique du BASE jump par hasard ou sur un coup de tête. Cet engagement doit être le fruit d’une longue démarche murement réfléchie.

© Benoit Marin Cudraz

Les motivations : pourquoi faire le grand saut ?
Qu’est-ce qui pousse le BASE jumper à franchir le pas ? Question récurrente chez les néophytes, il est difficile d’y répondre tant les motivations diffèrent d’un individu à l’autre. En fait il y’a presque autant de motivations que de façon de pratiquer ce sport.
Si certains trouvent de la sérénité au bord du vide d’autres s’expriment avec des cris de joie à l’ouverture de leur parachute. Pour certains le BASE jump est le synonyme du plaisir d’être en montagne quand d’autres pimentent leur quotidien et utilisent ce sport pour jouer à se faire peur. Il y’a ceux qui cherchent de la reconnaissance au travers des sponsors et ceux qui pratiquent ce sport caché entre amis. Mais, il arrive aussi parfois de croiser des loups solitaires discrets et réfléchis qui sautent en solo. Ces différences de motivations façonnent les multiples facettes de cette pratique et en font un sport extrêmement riche sur le plan humain.
Avant de vous engager, évaluez bien votre degré de motivation : l’apprentissage est long et demande un investissement personnel et financier important. Il est primordial de se poser les bonnes questions en amont et de prendre le temps d’y réfléchir…

Beaucoup de monde se voit faire du BASE jump, mais seulement quelques-uns y arrivent…
Apprendre le BASE jump n’est pas un objectif inabordable, à condition de disposer de quelques aptitudes, d’une motivation à toute épreuve et de mettre en place une démarche sérieuse.

Vous allez tout mettre en œuvre, franchir le cap et sauter dans le vide.
Maintenant que vous avez fait le point sur vos motivations, et murement réfléchi votre décision. Vous allez tout mettre en œuvre, franchir le cap et sauter dans le vide. Etes-vous sûr d’être prêt ?

Faut-il encore préciser que le BASE jump est un sport à haut risque et que l’issue peut-être fatale ? En France, il est encore prohibé dans certains cas. Les sensations qu’il procure sont addictives et votre entourage vous le fera remarquer. Les fractures ou les accidents graves font malheureusement encore trop souvent partie de cette pratique. Si vous n’êtes pas prêt à affronter tout cela, alors ne commencez-pas…

J’ai listé ici quelques aptitudes qui serviront votre apprentissage comme votre vie de BASE jumper. Elles ne sont pas toutes obligatoires mais plus vous en disposerez, plus facile sera la chute…

Documentez-vous !
“ Savoir écouter, c’est posséder, outre le sien, le cerveau des autres.” Léonard de Vinci.

La première étape de votre apprentissage consiste à accumuler un maximum de connaissances sur le sujet. Internet est une source intarissable d’informations. Et si vous avez l’impression d’avoir fait le tour de la question, ouvrez vos recherches aux documents anglophones. Procurez-vous les ouvrages consacrés au sport, là aussi il y’a une profusion d’ouvrage en anglais. (The Great Book of BASE de Matt Gerdes est un bon départ).
Faites des dossiers et devenez incollables sur le pliage, les formations, le matériel, la wingsuit, la météorologie, la psychologie, l’alpinisme…

Soyez curieux et échangez avec toutes les personnes que vous connaissez et qui pratiquent déjà. À défaut de pratiquant disponible, posez vos questions sur les forums. Les détracteurs des forums sont toujours présents mais ne vous découragez pas, ils ne sont pas nombreux.

Le parachutisme
Case départ obligatoire, le parachutisme est une étape fondamentale dans l’apprentissage du BASE jump.
Le nombre de sauts d’avion minimum est variable selon les personnes. Il vaut parfois mieux comptabiliser 100 sauts d’avion effectués en un été avec en ligne de mire un apprentissage sérieux du BASE jump, plutôt que d’avoir trainer sur un centre de parachutisme 10 ans durant en comptabilisant 700 sauts de Freefly avec une petite voile inadaptée à la pratique en falaise. Certains vous diront qu’il faut un minimum de 100 à 150 sauts au compteur, d’autres 200 à 250 sauts. Il n’y a pas de règle. Une fois le pas franchit du saut de falaise, vous ne ferez certainement pas marche arrière vers la chute libre pour combler vos lacunes. C’est donc une phase capitale à ne négliger sous aucun prétexte.

Gardez en tête que toute expérience acquise en chute libre sera bénéfique lors de vos premiers sauts depuis un point fixe. Une fois de plus il s’agit d’emmagasiner le maximum de connaissances et de vous forger une solide expérience.

Exercices à pratiquer en chute.
Voici quelques exercices à pratiquer lors de vos sauts d’avion. Ils vous permettront de diminuer votre temps d’apprentissage du BASE jump.
– Vous devez acquérir les réflexes de position et d’ouverture.
N’hésitez pas à faire des sorties d’avion “en vrac” et de chercher à vous rétablir en gardant un axe défini. Situation qui peut vous arriver un jour en falaise…
– Travaillez la dérive autant que possible. Gage de sécurité lors de vos sauts en falaise, testez votre efficacité avec des personnes référantes.
– Votre position à l’ouverture doit être stable et symétrique.
Le parachute doit s’ouvrir dans l’axe : ayez le réflexe de regarder votre voile et de saisir rapidement les élévateurs pour simuler une ouverture mal orientée.
– Utilisez de grosses voiles se rapprochant au maximum de celles utilisée en BASE plutôt que des voiles de chute libre, petites et rapides.
– Pratiquez des pliages “BASE jump” avec votre matériel d’avion. Profitez-en pour tester les différentes techniques de pliage, roulez le nez, ouvrez les caissons, etc.
– Posez vous toujours sur une cible ou sur un endroit bien défini au préalable. En BASE jump les posés doivent être précis, car souvent de tailles réduites. Faites des posés face et dos au vent pour vous rendre compte de la conduite à tenir. Pilotez aux arrières et accélérez aux avants par exemple. Mais aussi, pilotez votre voile sans décrocher les commandes ou chercher le point de décrochage par exemple.

Autant d’exercices à travailler avant de vous élancer depuis un point fixe…

© Steven Wassenaar

Aptitude physique et mentale
Une bonne condition physique et mentale est essentielle quand on prétend vouloir faire du BASE jump.
Les personnes très sportives seront donc assurément plus aptes à pratiquer ce sport qui demande une concentration très importante à la suite de plusieurs heures de marches. Vos réflexes doivent être vifs, avec des temps de réaction courts. Vous devez disposer d’un bon équilibre et d’une bonne perception dans l’espace.

Une journée de BASE jump rassemble souvent plusieurs activités : longue randonnée en montagne, approche scabreuse et escalade pour accéder au bord de la falaise. Les plus beaux sauts étant souvent les moins accessibles.
Si ces pratiques sont nouvelles essayez de les appréhender une par une : entrainez vous à marcher en dehors des sentiers battus, initiez-vous à l’escalade et apprenez-en les rudiments de base…
Les montagnards, parapentistes et parachutistes expérimentés ont déjà une petite longueur d’avance.

Du côté de la psychologie, le BASE jumper est d’un tempérament calme, réfléchit et posé. Un état d’esprit serein est d’autant plus fondamental lors de votre apprentissage.
Il n’y a pas de place pour l’erreur, vous devez donc être méthodique et organisé. Vous devrez faire preuve de discernement et de curiosité pour bien analyser vos erreurs et éviter de les reproduire.
Pour en finir avec la psychologie, l’humilité sera votre ange gardien : le renoncement en BASE jump est une notion importante qui vous sauvera de situations hasardeuses. Si vous n’êtes pas prêt pour faire quelque chose, ne le faite pas. Il est inutile d’être impatient car cela ne vous mènera nulle part. Rappelez-vous qu’un bon BASE jumper est un vieux BASE jumper…

Vos proches
Parfois négligé, votre entourage est pourtant un soutien très important.
Présentez-leur les raisons d’un tel engagement et la maturité de votre décision, faites-leur partager vos rêves, sans oublier les risques que cela comporte. S’ils comprennent votre démarche, ils vous soutiendront dans vos choix.

Vous serez constamment questionné annonçant que vous faites du BASE jump. Vous aurez à vous justifier et à répondre à des questions parfois absurdes. Vos proches peuvent jouer votre porte parole et vous apporter de la crédibilité.

Le matériel
Nous vous conseillons d’acheter un matériel neuf et de débuter directement avec votre propre équipement. Inexpérimenté vos connaissances du matériel sont limitées, en achetant du matériel neuf vous éliminez le risque de tomber sur une mauvaise occasion. Si vous avez des amis dans le milieu sollicitez leur avis pour votre premier achat.

Choisissez un fabriquant reconnu et n’hésitez pas à mettre le prix qu’il faut. Vous pouvez largement garder votre matériel une dizaine d’années. Votre parachute doit être adapté à votre niveau, à votre localité et à l’utilisation que vous allez en faire.

Le pliage
Maintenant que vous avez votre matériel, pliez ! 10, 20, 30 fois, autant que nécessaire pour maîtriser une technique fiable. Et vous devez être satisfait du résultat !
Apprendre avec un DVD n’est pas toujours suffisant : faites vérifier votre pliage par une personne expérimentée.
Pratiquez le changement de place du glisseur, montez et démontez votre matériel. N’attendez pas qu’on vous montre les différentes techniques, faites-le vous même, vous apprendrez plus vite. Analysez la phase d’ouverture et comprenez pourquoi certaines techniques sont plus populaires que d’autres. En d’autre termes multipliez les situations et soyez… curieux !

Votre matériel est votre gage de survie, ne le négligez pas…